Les justes de la Vienne

Devise extraite du Talmud et figurant sur la Médaille des Justes :
« Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier »

Les justes ont apporté une aide dans des situations où les juifs étaient impuissants et menacés de mort ou de déportation vers les camps de concentration Ils ont été conscient du fait qu’en apportant cette aide, le sauveteur risquait sa vie, sa sécurité et sa liberté personnelle (les nazis considéraient l’assistance aux juifs comme un délit majeur). Ils n’ont pas recherché aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l’aide apportée.

« En honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l´idéologie nazie, la médaille des Justes contribue à rétablir l´Histoire dans sa vérité. »

Simone Veil

Suzanne BOURLAT (Poitiers)
Assistante sociale du dispensaire anti tuberculeux de la rue Renaudot, elle camoufle des juifs à son domicile, rue des Carmes, leur remet de faux papiers. Elle cache 32 enfants juifs dans des familles d’accueil. Elle fait passer en zone libre une petite Ida sur qui pèsent des menaces. Avec son amie, Aline Peltier, elle ramène, après la Libération des enfants à Paris pour les remettre soit à leurs parents, soit à L’OSE (organisation de secours aux enfants). A partir de 1943, elles ont toutes deux coopéré avec le père Jean Fleury alors qu’auparavant, chacun agissait sans se connaître.

Berthe et Théophile BRAULT (Tassay par Chaunay)
Ce couple de fermiers ont caché un frère et une sœur, Jacques et Jeanne Breidick, dont l’identité française venait d’être supprimée. Le père Jean Fleury avait été informé de leur prochaine arrestation. Ils ont également hébergé d’autres juifs.

Jeanne FAYOLLE-CAILLAUD (Poitiers)
Jeanne Fayolle travaille à la préfecture. Elle est en relation avec le rabbin Elie Bloch et le père Jean Fleury. Elle obtient des permis pour la libération d’enfants juifs, leur évitant leur déportation via Drancy. Ayant connaissance des rafles, elle donne l’alerte et sauve ainsi de nombreux juifs.

Claire CHAUVEAU (Iteuil)
Claire Chauveau est veuve de guerre. Elle cache des enfants juifs dont les parents sont cachés, eux aussi, dans le même village. Par sécurité, les enfants, rassurés sur le bien-être de leurs parents, ne savent pas où ils sont. Claire s’arrange pour que les enfants passent devant la cache des parents afin que ces derniers soient tranquillisés sur leur sort.

Simone, Germain, Constance de SAINT SEINE (Poitiers)
Dans leur domaine de La Roche, à Vouneuil-sous-Biard, toute une famille de juifs mosellans est hébergée sans être signalée à la police locale. Ils ont aussi aidé des enfants à passer en zone sud.
Constance, professeur de philosophie au lycée de Poitiers participe à la confection de faux papiers avec Hélène Durand. Les enfants, sous leur fausse identité, seront cachés par le père Jean Fleury.

Augustine et Louis DELAGE (Saint Laurent de Jourdes)
Hébergent des enfants juifs.

Hélène DURAND (Poitiers)
Professeur au lycée Victor Hugo de Poitiers, elle aide le rabbin Elie Bloch, cache sa secrétaire Régine Breidick ainsi que des étudiantes et le doyen de la faculté des sciences. Elle aidera à mettre en sécurité Jacques et Jeanne, les frère et sœur de Régine.
Hélène Durand est très choquée par les mesures discriminatoires qui frappent les juifs. Elle rencontre le père Fleury et le rabbin Bloch afin d’aider les juifs. Elle visite des malades, transmet des messages entre les internés du camp de la route de Limoges et le rabbin Elie Bloch qui n’y a pas accès. Avec Constance de Saint-Seine, elle réalise de faux papiers grâce à du matériel que leur procure, depuis paris, Germaine Ribière.

Le père Jean FLEURY (Poitiers) : un article le concerne dans cette même rubrique : « Ils ont aidé des enfants juifs – IV »

Auguste, Rachel, Roger GAUTRON (Poitiers)
Liés d’amitié à la famille Cerf, hébergée chez les Saint Seine, ils participent à leur fuite lors de l’alerte donnée par l’abbé Jean Fleury avant une rafle de 1943.

Maurice GROUSSEAU (Cissé)
Maurice et sa femme ont hébergé deux enfants juifs puis les ont aidé à franchir la ligne –distante de 30 kms- .

Hélène MARZELLIER (Poitiers)
Elle travaille avec Jeanne Fayolle à la préfecture. Connaissant par avance la date des rafles, elle a la possibilité de prévenir ou faire prévenir par le père Jean Fleury, certains des intéressés. Grâce à elle seront sauvés la secrétaire de Elie Bloch, Régine Breidick et ses frère et sœur.

Marius MONTIER et sa femme (Châtellerault)
Ils font partie d’un groupe de personnes qui s’entraident à sauver des réfugiés juifs originaires de Metz.

Paul PLANTY (Châtellerault)
A quelques kilomètres de Châtellerault, la Creuse et la ligne de démarcation ne font qu’une. C’est en aidant des membres d’une même famille à les traverser, de nuit, que Paul Planty leur a permis de rejoindre la zone libre.

Pierrette POIRIER (Poitiers) de son nom de guerre, « CATHY »
Le père Fleury fait sortir des enfants du camp de la route de Limoges, Cathy leur fait franchir la ligne de démarcation. Elle réalise de faux papiers ; inquiétée en 1942, elle rejoint Châteauroux et travaille pour l’OSE (organisation de secours aux enfants) afin de cacher de jeunes juifs dans des familles non juives.

Marthe-Marie RENAUD-HENNEQUIN (Châtellerault)
Assistante sociale, elle réussit, à se faire passer pour la mère de quatre enfants à qui elle fait passer la ligne de démarcation . Elle trompe la vigilence des sentinelles allemandes grâce à quelques cigarettes et bouteilles de vin

Aline PELTIER-RENAUDIN (Poitiers)
Elle est assistante sociale dans le même dispensaire que Suzanne Bourlat, rue Renaudot. Elle cherche des familles d’accueil aux enfants dont les parents sont internés dans le camp de la route de Limoges. Le père Jean Fleury l’aidera financièrement. Tous les jeunes juifs dont elle aura eu la charge auront eu la vie sauve.

Moïse et Margot SARAZIN (Naintré)
Reçurent et cachèrent des juifs parisiens.

Jacques TOULAT, Camille THIBAULT et Alphée BONNAUD (Chauvigny)
Chauvigny, est en 1939 en zone libre et accueille la population juive d’une ville de Moselle. Plusieurs familles s’intègrent à la population et sont inscrites, comme juifs, sur les registres d’état-civil. En 1944, dans le cadre de représailles, les allemands décident de déporter toutes ces familles. Camille Thibault de Pleumartin et Alphée Bonnaud de Chauvigny, tous deux gendarmes, les préviendront tous à temps afin qu’ils puissent se soustraire à la rafle. Jacques Toulat, maire de Chauvigny, supprime toute trace administrative de leur présence.

M. Alain Bonneau a été décoré de la médaille des Justes à la place de M. Alphée Bonnaud. Une homonymie a été la cause de l’erreur d’attribution. C’est le petit-fils d’Alphée, M. Jean-Luc Sevaux qui s’est aperçu de l’erreur en 2000. Grâce à lui, son grand-père s’est vu remettre la médaille des Justes à titre posthume. Il lui rendit hommage par ces termes :  » à quelqu’un qui a porté haut les valeurs de la gendarmerie ; un homme viscéralement humaniste qui a su prendre ses responsabilités alors que beaucoup de gendarmes obéissaient aux ordres de Vichy « 

Jacqueline THIBAULT- BIDEGORRY (Poitiers)
Employée de banque à Poitiers, elle fournit aux internés du camp de la route de limoges des vivres et des vêtements. Elle procure aussi de faux papiers à ceux qui veulent franchir la ligne de démarcation. Son père, employé à la SNCF de Poitiers, et son frère ont évité à plusieurs reprises les contrôles d’identité des enfants juifs qui prenaient le train pour rejoindre à Paris une institution protestante.

Suzanne TRICHET (Poitiers)
Dans son petit appartement où elle vivait avec ses 2 filles, Suzanne a hébergé et nourri plusieurs familles, originaires de Metz, qui attendaient le moment propice à leur départ vers la zone libre.

Toutes ces personnes ont risqué leur vie pour en sauver d’autres.

78 000 juifs ont été déportés de France !
Combien l’auraient été sans leur aide ?

Certains sont nommés « Justes parmi les Nations », d’autres sont restés anonymes.

Pour Jacques Chirac, les « Justes » ont incarné le meilleur de l’homme : la fraternité, la justice, la tolérance…/…ils sont l’honneur et la fierté de notre pays.Préface du Dictionnaire des Justes de France.

Plusieurs articles concernent l’aide apportée aux juifs. Vous les trouverez dans la rubrique Concours 2008 : http://www.vrid-memorial.com/-Concours-2008-bis-.html

Article rédigé par Sabine Renard-Darson

Bibliographie : Le livre des HEROS de la Vienne, Le Pictavien Editeur

Paul Lévy , Elie Bloch, être juifs sous l’ Occupation -geste Editions-

www.yadvashem-france.org

Dictionnaire des Justes de France,Fayard

Article de la Nouvelle République de 2004 : « Médaille des Justes : une méprise pour homonymie à Chauvigny »