Jean Tulasne de l’escadrille « NORMANDIE-NIEMEN »
Jean Tulasne est né le 27 novembre 1912 à Nancy. Il a été abattu à bord de son Yak le 17 juillet 1943 dans le secteur de Znamenskaïa. Ses attaches poitevines (son épouse a habité avec François son fils et sa jeune soeur 14 rue Sylvain Drault à Poitiers) et ses origines tourangelles ne sont pas étrangères à ce que la base aérienne 705 de Tours s’appelle aujourd’hui base « Commandants François et Jean Tulasne » pour honorer cet as de la seconde guerre mondiale et son père.
La décision :
« Ce jeudi 5 décembre 1940, Jean Tulasne a 28 ans et trois galons sur sa vareuse bleue. Dans une demi-heure il lui faudra regagner sa base de Rayak, aux confins syro-libanais. Et comme chaque soir il devra entendre les conversations écoeurantes de ses compatriotes qui tous, sans hésiter ont accepté l’épouvantable armistice. Rayak où le portrait de Pétain orne chaque bureau où, des lieutenants au colonel, personne n’a assez de louanges pour vanter les mérites du maréchal. Les plus combatifs rêvent d’en découdre avec les Anglais à qui ce traître de de Gaulle, un déserteur réfugié à Londres a livré la belle flotte française en Algérie.
Aux commandes de son Morane-Saulnier 406, Tulasne a pris sa décision. Il lui est impossible de retrouver cette ambiance si éloignée de ses propres convictions. L’altimètre indique 5500 mètres. 3000 mètres plus bas la plus belle couche de cumulo-nimbus dont on puisse rêver. Les conditions idéales pour disparaître. Au-dessus, l’adjudant-chef Armager, son équipier, ne perd pas des yeux son leader. Soudain la radio éclate dans ses écouteurs. La voix de Tulasne est haletante. Mon inhalateur…je pique…suivez-moi. Le grésillement de la radio s’éteint brusquement. Armager voit le Morane piquer droit sur les nuages en vrille, un tournoiement vertigineux où les cocardes tricolores repassent à toute vitesse. Trois, quatre secondes et les nuages l’engloutissent. C’est la dernière image que l’adjudant-chef Armager garde du capitaine Jean Tulasne, l’as du GC 1/7 de Rayak.»
Pour Vichy, Tulasne est alors porté disparu en mer, alors qu’au ras des flots, il a redressé son Morane et a mis le cap sur la Palestine. Il parvient à se poser à Lydda, non loin de Haiffa.
L’engagement :
Lorsqu’il parvient à rejoindre l’Angleterre, l’ancien élève de St-Cyr et de l’école de l’air de Versailles n’a aucune difficulté à intégrer la RAF (Royal Air Force). Ses qualités exceptionnelles de pilote lui font rejoindre le squadron 274 avec lequel il se bat contre les Italiens à Tobrouk. C’est alors que le général de Gaulle le désigne comme chef des FAFL au Moyen Orient.
Il retourne ensuite au service actif comme commandant du groupe de chasse Alsace en 1942 avec lequel il participe aux combats d’Alexandrie. Le groupe Alsace transféré au début de 1943 à Beggin Hill passera sous le commandement d’un autre as des FAFL René Mouchotte.
Mais le général de Gaulle souhaite que les combattants des FFL s’illustrent sur tous les fronts de la seconde guerre mondiale. En négociation avec le commandement soviétique il obtient qu’une escadrille française participe aux combats contre les nazis à côté des pilotes russes. C’est Jean Tulasne qui sera chargé de former le GC 3 « Normandie ».
Sur le front russe :
Pilotes et mécaniciens français volontaires ayant été recrutés, Tulasne choisit le fameux Yak appareil le mieux adapté aux conditions climatiques et de combat sur le front de l’est. Ce choix signifié au colonel Choumov réjouit le commandement soviétique. L’enthousiasme des pilotes français et la personnalité de « Tutu » contribuent à l’intégration parfaite des Français. Ils partagent les repas frugaux et la vie spartiate dans la neige et le froid avec leurs camarades de combat soviétiques. Les premières victoires traduites par les tonneaux impeccables au-dessus des terrains sont saluées avec joie et les premières pertes dans la plus profonde tristesse.
« 17 juillet 1943, 17 heures, Tulasne exige de mener sa cinquième mission de la journée. Il est hâve, son visage est rétréci par la fatigue mais le jarret est ferme lorsqu’il s’accroche à l’aile du Yak pour se glisser dans l’habitacle. Mission d’accompagnement de Stormovik dans le secteur de Znamenskaï. Les Yak de « Normandie » sont engagés par des FW 190 allemands . A la base, les heures qui passent confirment la nouvelle que chacun redoute : Tulasne et Vermeil ont disparu au milieu des trente FW 190 qui sillonnaient le secteur. On ne les reverra jamais. »
Un pilote français est inhumé dans le cimetière de Vedenskoje à Moscou sous la dalle du pilote français inconnu. D’après une paysanne retrouvée en 1964, sur la zone de combat, ce pilote serait le commandant Jean Tulasne.
La famille, prévenue, a accepté qu’il demeure Le pilote inconnu de Normandie-Niemen en terre russe.
Commandant Jean Tulasne : Officier de la légion d’honneur, Compagnon de la libération, Croix de guerre 1939-1945 avec palmes, Médaille coloniale FFL, Médaille du Levant, Ordre de la guerre pour le Salut de la Patrie (URSS).
Rédigé par Louis-Charles Morillon.
Sources :
« Normandie Niemen » par Yves Courrière page 16, page 189.
Sources Google .
Lien avec VRID : les Compagnons de la Libération dans la Vienne.
Photos de « Normandie Niemen » de Yves Courrière.
Miniatures de M.Pierre Huysmans , avec son aimable autorisation .
Voir la vidéo de VRID » Exposition sur la Résistance, exposition de maquettes d’avions (Pierre Huysmans) »