Deux Familles rom de Poitiers victimes de la répression : internement et déportation

Deux familles de la communauté des gens du voyage, les familles Boger et Simon, résidant à Poitiers furent victimes de la répression exercée sur leur communauté lors de la Seconde Guerre mondiale.

Ces deux familles présentent quelques points communs.

Elles sont d’abord apparentées : Eugène Boger était le mari de Théodora Lenestour et Louis Simon le gendre de Germaine Lenestour, sœur aînée de Théodora. Les six enfants de la famille Boger et les sept de la famille Simon étaient donc cousins.

De même, autre point commun, ces deux familles semblent s’être sédentarisées à Poitiers dans la seconde moitié des années 30, disposant l’une et l’autre fin 1940 de résidences, pour l’une rue du Père de la Croix et pour l’autre Côte de Montbernage.

Les deux familles sont arrêtées et internées au camp de la route de Limoges en décembre 1940 et janvier 1941, par les autorités allemandes aux dires du registre du camp, mais en fait par la décision et l’action des autorités françaises. La famille Boger est arrêtée par la gendarmerie française suite à une interprétation restrictive et clairement abusive de sa situation. La famille Simon est arrêtée par la police nationale (après décision du Commissaire de police et du Préfet) suite à une dénonciation calomnieuse et anonyme.

Enfin dans les deux cas, les recours déposés par les deux familles auprès de la Préfecture, demandes soutenues par des personnalités poitevines, furent rejetées par le Préfet, s’abritant derrière l’autorité allemande mais présentant à chaque fois des arguments différents parfois spécieux.

Ces deux familles poitevines connurent pour plusieurs de leurs membres la déportation vers Sachsenhausen ou Buchenwald, et pour les autres l’internement dans un second camp celui de Montreuil-Bellay. Ces épisodes dramatiques dont la responsabilité incombe à l’administration française comme aux autorités d’occupation aboutirent à la mort de cinq habitants de Poitiers dont le plus jeune Émile Simon n’avait que 16 ans, mort à Dora dans des conditions effroyables.

Sources :

Archives Départementales Vienne : AD 86 109 W 35, AD 86 1 W 590, AD 86 109 W 67, AD 86 109 W 313