Jean Charles
Jean Georges Charles vient de nous quitter, rejoignant son frère Pierre et ses parents, qui comme lui étaient entrés en Résistance dès 1940.
Jean Charles, Responsable du Réseau Marie Odile pour la Vienne
Nécrologie rédigée par Roland Barrat
Jean Georges Charles vient de nous quitter, rejoignant son frère Pierre et ses parents, qui comme lui étaient entrés en Résistance dès 1940 et y accomplirent un travail exceptionnel.
Né à Poitiers le 30 juin 1917, Jean Charles appartenait à une famille de cheminots, sa mère était postière.
Appelé en 1938 pour accomplir son service militaire dans l’aviation, à la base aérienne 125 à Istres, il gagne très rapidement se galons de sous-officier et tout laisse espérer, car il est titulaire d’un brevet de pilote civil, qu’il pourra devenir pilote militaire. Il est d’ailleurs admis à l’école en qualité d’élève pilote.
Mais les évènements de 1940 allaient en décider autrement. Le 8 août 1940, il était rayé des contrôles et démobilisé. Il rentrait alors à la S.N.C.F. à Chamalières et milita avec quelques amis pour la France Libre. En 1942, après avoir échappé au S.T.O., il entre au Réseau Marie Odile comme agent P2, chargé de mission de 2ème classe, ce qui correspondrait au grade de lieutenant. Il va, à partir de ce moment là, accomplir sur l’ensemble du territoire national de nombreuses missions, plus périlleuses les unes que les autres. Il est recherché par la Gestapo et la police de Vichy, fiché comme hors-la-loi et terroriste.
Marseille, Sisteron, Toulouse, Poitiers, Nantes, Chamalière seront pour lui des villes où il effectue son travail de Résistant, sa carte d’agent de la S.N.C.F. lui permettant de voyager sur le réseau avec la complicité de ses camarades cheminots, qui mènent la bataille du rail. Ses actions le font participer à des parachutages, à la distribution du journal « Résistance », à l’organisation de chaînes d’évasion pour les aviateurs et parachutistes alliés qui lui vaudront ders citations signées par le Général Eisenhower et le Maréchal de l’air Tedder pour les Britanniques.
Dès 1940, Jean Charles a fait la connaissance de la famille de Roger Levrault, de M. Cohadier à Saint-Julien l’Ars, du professeur Joseph Riedenger, qui eux aussi veulent créer une filière d’évasion qui sera placée sous la direction de Roger Levrault, Mme Blanc, sage-femme rue de La Marne, Jean Charles. Arrêtés, Roger Levrault et Mme Blanc tomberont au champ d’honneur. Cette branche poitevine de la Résistance sera rattachée au réseau Marie-Odile.
A ces actions, Jean Charles ajoutera le renseignement ferroviaire, les fausses cartes d’identité. La filière pour les Alliés sert aussi pour évacuer les juifs, les réfractaires, les patriotes qui veulent rejoindre des unités combattantes.
Revenu à Poitiers en 1944, se sachant activement recherché, Jean Charles rejoint avec son frère le maquis dans le Civraisien, avant de rejoindre le 125ème R.I. sur le front de l’Atlantique auquel il a été affecté. Là encore, il continuera son combat.
Sa citation, avec attribution de la Croix de Guerre résume l’œuvre accomplie : « Après avoir milité contre l’envahisseur dès 1940 et en 1941, est devenu malgré son jeune âge l’un des chefs les plus actifs du Mouvement de Résistance et du Réseau Marie-Odile pour le département de la Vienne.
A diffusé les journaux clandestins, fourni de nombreuses cartes d’identité, hébergé et convoyé des aviateurs alliés, organisé des parachutages d’armes, coordonné les efforts des groupes de la Vienne et des départements voisins, participé aux combats de la Libération des poches de l’Atlantique comme chef de section »
Il était rayé des contrôles de l’armée active le 27 novembre 1944. Il allait accomplir une belle carrière professionnelle.