La « Manu » à l’heure allemande 22 juin 1940
Après avoir été ciblé par les bombardements ennemis, le site de la Manufacture est occupé à partir du 22 juin 1940, jour de l’Armistice. Le personnel est contraint de travailler pour l’occupant.
La Manu à l’heure allemande
Après avoir été ciblé par les bombardements ennemis, le site de la manufacture est occupé à partir du 22 juin 1940, jour de l’Armistice. Le personnel est contraint de travailler pour l’occupant.
Alors que l’armée allemande déferle sur le territoire français et que le gouvernement se replie loin de la capitale, l’activité de la manufacture est suspendue et le personnel temporairement contraint à cesser le travail. Seul le directeur reçoit l’ordre de rester en place. L’Armistice du 22 juin 1940 impose un nouveau statut à la Manu qui devient possession de la Wehrmacht. Les bâtiments, les machines et autres installations sont considérés comme des prises de guerre et l’établissement est redevable de frais d’occupation. Il est placé sous la direction du Treuhänder Sperling, chef d’entreprise à Lübeck accrédité par le haut-commandement de l’armée de Terre allemande pour prendre ses fonctions le 6 septembre 1940. Il est responsable du contrôle de la production et de l’exploitation en liaison avec son ancienne firme, la Berlin-Lübecker Maschinenfabriken Bernhard Berghaus. La plupart des ateliers sont placés sous la responsabilité d’ingénieurs allemands chargés des commandes, du magasin des pièces et du service de protection. Du personnel féminin allemand est employé dans les services administratifs.
Quant au directeur français, l’ingénieur en chef Lucien Vergnaud, il reste en place mais avec le statut de directeur délégué, détaché au service de l’Etat allemand par ordre du gouvernement français. Il est responsable devant le Treuhänder des employés français.
Ce dernier continue cependant à affirmer ses prérogatives et remet en marche l’activité de la manufacture dès le 1er juillet 1940 avant la décision officielle. Tout le personnel n’est pas réembauché notamment les femmes : sur les 847 ouvrières recrutées pendant la campagne de 1939-1940, seules 56 sont réintégrées. Le directeur demande à son personnel de se plier aux directives du Maréchal Pétain. Le ton est donné : « Travail, Ordre, Autorité. J’entends notamment qu’à l’intérieur de l’Etablissement règne la plus stricte discipline, tant dans le travail que dans la tenue ; et qu’à l’extérieur de l’Etablissement, le Personnel de la Manufacture se fasse remarquer de la population et dans l’intérêt même de la France, des Autorités de l’Armée d’Occupation, par sa bonne tenue et sa correction. Je compte que chacun fera son devoir. JE PUNIRAI TOUTE DEFAILLANCE D’UNE MANIERE EXEMPLAIRE. »
La production d’armes françaises est officiellement remplacée par des fabrications civiles, pourtant la Manu continue d’usiner des armes mais pour la machine de guerre allemande.
Marie-Claude Albert