Les Maquis Civraisiens du secteur Vienne-Sud
Cet article montre la concentration des Maquis dans le Sud-Vienne.
Les quatre Maquis ci-dessous (D1, D2, D3 et D4), constitués et cantonnés dans le Civraisien, étaient incorporés dans le secteur D Vienne-Sud de l’organisation départementale de la Résistance. Ils regroupaient environ 200 volontaires lors de leur création mais leurs effectifs s’élevaient à plus de 1100 hommes à la Libération.
D1 – Maquis de CHARROUX ou Maquis HENRY (A.S.)
Ce Maquis est créé le 7 juin 1944 par Albert SUIRE employé PTT à Civray et Henri BILLET employé au Contrôle Economique à Charroux. Sa progression est continue: 30 volontaires à l’origine et 250 le 5 septembre 1944 (libération du secteur). Au départ il comprend beaucoup de réfractaires et séjourne dans les bois de de Chez-Moutaud à Charroux. Il intervient dans de nombreuses actions notamment à Le Vigeant, Pressac, Charroux, Confolens, Champagné-Saint-Hilaire et Civray, ainsi que dans des attaques de convois et des sabotages. SUIRE ayant été appelé à l’Etat-Major pour l’organisation des transmissions, BILLET prend le commandement du Maquis. Pas d’amicale ni d’écrits sur ce Maquis.
D2 – Maquis BAYARD de CIVRAY
Le Maquis est formé le 9 juin 1944, sous la direction du Capitaine Roger BONNET et de son adjoint Georges GAUCHER. Composé de 70 volontaires à sa création, il regroupe 390 hommes à la Libération. Installé d’abord dans les bois des Maisonnettes à LIZANT, il s’organisera ensuite dans le bois de Maumulon à CHARROUX où il restera jusqu’aux jours précédant la Libération. Il réalisera de nombreuses actions de sabotages , notamment sur les voies ferrées (28) et des embuscades sur les routes (6). Il participa à diverses actions dans le secteur et en particulier aux batailles de CIVRAY les 26 et 28 août 1944. Jean TARRADE a fait l’historique de ce Maquis dans son livre « Maquis D2 BAYARD » et une association « Amicale des Anciens Maquisards et Résistants du Civraisien » a son siège à la Mairie de CIVRAY.
D3 – Maquis RENARD à JOUSSE
Le Chef de cette unité est Edmond BERNARD alias « RENARD » qui, ayant fait partie du mouvement « COMBAT », est arrêté et emprisonné à Marseille jusqu’en octobre 1943. Revenu dans le Civraisien, il participe à la formation du Maquis D2 BAYARD. Le 6 juillet 1944, il crée son Maquis et s’installe dans les bois de Chevreaux à JOUSSE. Ses effectifs composés de 29 volontaires au départ, atteindront 350 à la Libération. Ses actions porteront surtout sur les sabotages de la ligne de chemin de fer entre SAINT-SAVIOL et COUHE-VERAC, ainsi que sur des installations électriques. Il organisa l’attaque des Haras de CHAMPAGNE-SAINT-HILAIRE le 13 août 1944 et diverses embuscades sur les routes lors de la remontée des unités allemandes, à l’accrochage au pont de l’ISLE à TAIZE-AIZIE qu’il détruisit en partie le 28 août et participa à la bataille de CIVRAY le même jour. A perdu 9 de ces volontaires au cours de ces actions. On trouve l’historique de ce Maquis dans le livre « MAQUISARDS et SOLDATS » de l’amicale qui se réunit régulièrement dans le Civraisien.
D4 – Maquis RAF à PLEUVILLE
Le Maquis est créé à PLEUVILLE par André RAFFOUX alias Capitaine RAF le 31 juillet 1944. Mais depuis 1941, RAF était un maillon de la chaîne qui facilitait le passage en zone non occupée et hébergeait chez lui beaucoup de clandestins et de réfractaires. Début juillet, il fournit à D3 des volontaires pour créer son groupe. Le Maquis D4 est composé au départ de 70 hommes cantonnés au village des ECURES à PLEUVILLE. Il participe aux attaques de convois, à des sabotages ainsi qu’à l’accrochage de PLEUVILLE le 3 août où deux de ses volontaires seront tués. Les effectifs étaient de 120 hommes à la Libération. Son historique est condensé dans le livre « MAQUISARDS et SOLDATS » de l’Amicale de D3.
Comme les textes précédents, ce nouvel article fait suite et complète les informations concernant la concentration des maquis dans le Sud-Vienne
En plus des quatre Maquis D du Civraisien, le secteur Vienne-Sud comprend onze autres Maquis (avec le groupe FTP de Sauzé-Vaussais rattaché au cours de l’été 1944). Le secteur s’étend essentiellement sur l’arrondissement de Montmorillon élargi à quelques autres régions du département ainsi que de la Haute-Vienne, de la Charente et des Deux-Sèvres.
Le poste de commandement (P.C.) est placé sous les ordres du Colonel « BERNARD » avec ses chefs de secteurs. Le secteur D est placé sous l’autorité du commandant « MICHEL ».
Les Maquis sont désignés par une lettre majuscule.
A – Maquis JALLADEAU (ex MARCEL)
Ce maquis est créé à l’initiative de André RAFFOUX dit « RAF », en liaison avec le Commandant Marcel BOURDET et le Capitaine SUIRE alias « ALBERT ». Au 1er juin 1944, le Maquis rassemble près de 200 hommes, ils seront 347 au 5 septembre 1944. Ses actions ont été des attaques de convois et de colonnes ennemies dans le secteur d’ADRIERS, LA COMBE et LEIGNES ainsi que sur la route de RUFFEC à CIVRAY et a participé à la bataille de CIVRAY le 28 août. Il a perdu 3 volontaires au combat. Il était cantonné à LEZIGNAT près de LATHUS. L’Amicale ARMEE SECRETE qui regroupe plusieurs Maquis de la Vienne-Sud se réunit régulièrement.
B – Maquis ADOLPHE (ORA)
Le lieutenant COLLIN est à l’origine de ce Maquis placé sous les ordres du Général CHAUMEL alias « CHARLES MARTEL ». Les chefs de sizaine sont recrutés en 1943: 10 hommes; ils seront 38 au 1er janvier 1944 et 179 au 5 septembre 1944. La tactique principale du groupe est l’embuscade pour l’attaque des convois et colonnes, dans un rayon de 70 km du secteur ISLE-JOURDAIN, PLEUVILLE, CHAUVIGNY, LE VIGEANT. Accrochage de LE VIGEANT, le 4 août 1944. Cantonné à MILLAC (Chez-Meillaud). Au cours de ces engagements, il a perdu 17 volontaires.
C – Maquis JOEL
Créé par Joël CRISENOY début juin 1944 avec 30 hommes, le Maquis s’installe dans la région d’ADRIERS. Ses actions seront des sabotages et des embuscades sur les routes, il participe aux engagements de PLEUVILLE le 4 août et de LE VIGEANT, ST-MAURICE-LA-CLOUERE et VIVONNE. Au cours de ces actions, deux volontaires furent tués. Le Maquis regroupait 177 hommes à la Libération.
E – Maquis KLEBER
Constitué en juillet 1944 par une partie du maquis JOEL trop nombreux. Il est commandé par GUENOT (FIFI) affecté par la suite à l’Etat-Major du Lieutenant-colonel BLONDEL. Participe à l’accrochage de LE VIGEANT le 3 août. Cantonné à Sainte-Liguoire de LE VIGEANT.
F – Maquis ANTOINE
Constitué d’abord par André RAVARIT et ensuite par ANTOINE fils, ses premières actions seront l’aide aux réfractaires et le passage de la ligne de démarcation dans la région de USSON-DU-POITOU. Il participe à différents accrochages: LE VIGEANT, ORADOUR-FANAIS, CHAMPAGNE-SAINT-HILAIRE, SAINT-LAURENT et POITIERS et perdit deux volontaires au cours de ses engagements. Il regroupait 224 hommes à la Libération. Cantonné à USSON-DU-POITOU.
G – Maquis MAURICE
La constitution du groupe commença en décembre 1942 avec 30 combattants. En juillet 1944, le Maquis s’installa aux BEAUPINIERES de AVAILLES-LIMOUZINE avec 131 volontaires sous le commandement de Maurice THIAULT. Il participa à des actions de sabotages et d’embuscades ainsi qu’à l’accrochage de PLEUVILLE et à celui de LE VIGEANT. Au cours des actions, quatre volontaires furent pris et abattus. A la Libération, le groupe était composé de 190 hommes. Son historique est résumé dans le livre de Rémy DAVID: « Maquis Maurice – Résistance et embuscades en Vienne-Sud ».
H – Maquis VAUQUOIS et ALSACE
Ce Maquis fut constitué en juin 1944 avec une soixantaine de volontaires au Château des CORDELIERS à QUEAUX par le Capitaine de réserve Marcel ROBICHON alias Capitaine VAUQUOIS. Ancien prisonnier à l’Offlag 17, il fut poursuivi lors de son retour à ADRIERS par la Gestapo. Il réalisa des opérations efficaces à MOULISMES, POITIERS et PRESSAC mais un de ses volontaires fut tué et un autre déporté. Le groupe comprenait 151 hommes à la Libération. Cantonné dans la région de PERSAC.
I – Maquis CHARLES
Le Maquis est créé par PETIGNAT alias « CHARLES » le 1er janvier 1944 et reste en activité jusqu’à la Libération avec des effectifs qui passent de 20 à 170 volontaires. Installé près de CHAMPAGNE-SAINT-HILAIRE il a reçu deux parachutages d’armes, participé à des sabotages de la voie ferrée de la ligne Paris-Bordeaux et l’attaque des Haras de CHAMPAGNE-SAINT-HILAIRE, ainsi qu’à des embuscades au cours desquelles il a capturé des ennemis. Dans ces engagements, il a perdu quatre hommes. Cantonné dans le secteur de CHAMPAGNE-SAINT-HILAIRE.
J – Maquis MARTIAL (AS)
Ce Maquis constitué à LE DORAT est passé dans la Vienne après le parachutage. Il a participé à différentes attaques de convois: LA CHAPELLE-VIVIERS, PINDRAY, MOULIN de la RUEILLE (26 véhicules détruits), ainsi qu’à ROMAGNE, GENCAY et COUHE. Il regroupait 180 volontaires à la Libération. Cantonné à LE DORAT (Haute-Vienne).
M – Maquis FERNAND (MELLE – Deux-Sèvres)
Constitué en octobre 1943 avec une quarantaine d’hommes par le Lieutenant JOUSSEAUME, évadé de captivité, il fut rattaché au secteur D de la Vienne-Sud pour son équipement, bien qu’installé dans la région de MELLE (Deux-Sèvres). A participé à diverses attaques de convois dans son secteur ainsi qu’à des sabotages et à des actions sur l’usine distillerie de MELLE pour s’emparer du carburant. Le groupe comprenait à la libération 130 volontaires.
FTP – Maquis LE DOCTEUR (Sauzé-Vaussais)
Ce groupe constitué par le Docteur TABOURDEAU et son frère est armé en juin 1944. Cantonné dans les bois de son secteur, ses actions se porteront surtout sur les sabotages de la ligne de chemin de fer (19) et les embuscades (5) sur la RN 10. Il participa à divers engagements notamment à l’attaque de la garnison allemande de la distillerie de MELLE ainsi que de la brigade des Hindous à RUFFEC. Rattaché au groupement D de la Vienne-Sud pour des raisons d’équipement en matériel, il regroupait à la Libération 70 volontaires. Son historique est repris dans le livre de Raymond TABOURDEAU, « Carnet de route – Résistance: Mellois – Civraisis – Ruffécois ». A perdu deux hommes au cours de ses actions et un à la bataille de CIVRAY.
Textes de Jacques RIGAUD
Sources:
Historique des unités combattantes de la Résistance du ministère de la défense.
Amicale des anciens résistants et maquisards du Civraisien.