Les troupes étrangères dans la Wehrmacht
L’armée allemande a du très tôt faire appel à des volontaires étrangers. Mais en 1942, ses troupes ne suffisent plus à maîtriser les immenses territoires occupés, elle enrôla contre leur gré des hommes au mépris de la convention de La Haye.
Les troupes étrangères dans la Wehrmacht
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L’armée allemande a dû très tôt faire appel à des volontaires étrangers. Mais en 1942 ses troupes ne suffisant plus à maîtriser les immenses territoires conquis en Europe, URSS et Afrique du Nord , elle enrôla contre leur gré des hommes au mépris de la Convention IV de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre.
Art 23 « …il est interdit à un belligérant de forcer les Nationaux de la partie adverse à prendre part aux opérations de guerre dirigées contre leur pays. »
Art 45 « …il est interdit de contraindre la population d’un territoire occupé à prêter serment à la Puissance ennemie. »
LES ALSACIENS . « Les malgré nous »
Le 25 août 1942, le Gauleiter d’Alsace Wagner, avec l’aide du général Keitel, décréta l’incorporation contre leur gré de certaines classes d’Alsaciens et de Lorrains dans la werhmarcht. 130 000 jeunes des départements du Rhin et de la Moselle furent disséminés aux quatre coins de l’Europe voire de l’Afrique du Nord. Cependant, ne faisant aucune confiance à ces recrues et craignant leur désertion, les Allemands décidèrent d’envoyer la majorité d’entre elles sur le front russe où se trouvait déjà la LVF (Légion des Volontaires Français : engagés volontaires dans la waffen SS, « division Charlemagne », pour aller combattre « le bolchevisme » sur le front russe.)
Une quinzaine de ces Alsaciens « Malgré nous » seront impliqués dans le procès du massacre d’Oradour sur Glane.
LES RUSSES
En 1942, Andreï Vlassov, général de l’armée rouge, reçut la mission de briser le siège de Leningrad. Cette opération fut un échec et Vlassov fut fait prisonnier. Le commandement allemand lui proposa de lever une armée dite « armée de libération de la Russie » plus connue par la suite, sous le nom « d’armée Vlassov ». Cette armée fut formée de prisonniers de guerre russes « ostarbeiter » travailleurs de l’est et de russes blancs volontaires dont des vétérans antibolcheviques de « l’armée blanche ». Elle avait donc pour mission de combattre l’armée rouge.
Dans les derniers jours de la guerre, les troupes de Vlassov espérant gagner les faveurs des alliés se retournèrent contre l’armée allemande. Vlassov et ses officiers capturés par les Américains auraient été livrés à l’armée soviétique. Jugés pour haute trahison, ils ont été condamnés à la pendaison le 1er août 1946 et les soldats, aux travaux forcés dans des camps sibériens.
LES HINDOUS
Le nationaliste hindou Chandra Bose pensait que l’Inde ne pourrait recouvrer son indépendance que si les Anglais étaient battus par l’Allemagne nazie.
Il créa en 1942 la 95ème brigade à la suite des combats de Libye. Elle était constituée d’Hindous anglophobes de l’armée anglaise faits prisonniers par les Italiens et les Allemands. Cette brigade dépendait directement de la Wehrmatch mais les officiers qui la dirigeaient maîtrisaient mal la discipline. Les Hindous portaient l’uniforme de la Wehrmacht avec en option le turban le « LUNGI ». Ils avaient au col de la vareuse la tête de tigre, symbole des Indiens libres.
Un des hindous de la colonne de la Wehrmacht en repli du sud-ouest, septembre 1944 à Pleumartin.
Les Hindous dans la Vienne
Roger Picard rapporte : « …Heinrich von Trott, officier allemand chargé des Hindous estimait que parmi les 2570 soldats du 950eme régiment, on trouvait 59% d’Hindous, 25% de musulmans, 14% de Sikhs. Ils ne parlaient pas tous la même langue : deux tiers le pendjabi ou l’hindi., les autres des dialectes (bengali,marathi,tamil). Un tiers était analphabète. »
Lors de la retraite fin août 1944 on comprend mieux la difficulté qu’eurent les officiers allemands à encadrer ces troupes qui avaient pris conscience de leur survie aléatoire.
Vers le 22 août ces Hindous étaient concentrés à l’est de Poitiers dans et autour du stade Paul Rébeilleau. Ils investirent le café dancing Prenant route de Limoges (Avenue Jacques Cœur aujourd’hui). Mais ils se répandirent également dans les cours et les jardins des routes de Limoges et de Chauvigny ( actuelle avenue du recteur Pineau) pour y trouver de la nourriture ou d’éventuels véhicules . Gérard Lesage habitant près de l’entreprise de travaux publics « la société générale des routes économiques » s’apercevant que des Hindous avaient découvert la 201 Peugeot de la famille Brichet, absente, (la maison avait été réquisitionnée pour y loger les Gindre, réfugiés lorrains et des feldgendarmes autrichiens) s’empressa de démonter les quatre roues du véhicule pour les cacher dans le grenier. Le camp de la route de Limoges où étaient encore emprisonnées des femmes communistes, attira très vite les Hindous qui tentaient de franchir les barbelés. Le 26 août 1944, le père Fleury décida de transférer ces femmes pour les mettre à l’abri au collège Saint Joseph avec l’aide de la sœur Chérer et de son chauffeur, Raymond Picard. Plusieurs voyages furent nécessaires.
Les Hindous se déplacèrent alors vers l’est en répandant la terreur par les pillages, les viols, l’incendie de maisons et des exécutions sommaires. Nombreux furent les témoignages de leurs exactions à Bonnes, Bonneuil-Matours, Chauvigny, Archigny, la Roche – Posay.
Le 19 septembre1944, vers 14h, un ou plusieurs camions transportant des prisonniers hindous capturés dans la région de Montmorillon par des FFI s’arrêtèrent place d’armes à Poitiers. Dans des circonstances mal élucidées, des coups de feu claquèrent. La Nouvelle République du 20 septembre écrivit : « Les Poitevins qui n’oublient pas les atrocités commises par ces ignobles individus eurent vite fait d’encercler le camion. Un sous officier en fit descendre deux des prisonniers qui furent exécutés pendant que dans le camion, des coups de feu éclataient, tirés par des FFI. Certaines victimes de ces abominables individus étaient vengées. »
Selon un rapport des renseignements généraux en date du 20 septembre 1944 (archives de la Vienne) « …19 SS dont 18 Hindous ont été exécutés ce jour-là… »
Rédigé par Louis-Charles Morillon
Sources : Internet, Roger Picard historien « Hommes et combats en Poitou », La Nouvelle République, archives de la Vienne, témoignages de M.Henri Saby, Mme Jacqueline Roucher.